Et vous, êtes-vous quelqu’un d’important ?

  • Un blogueur, comme tout être humain, peut parfois prendre la grosse tête.

    Il peut se la péter et commencer à « conspuer » les petits les nouveaux, ceux qui débutent.

    Parce que son blog tourne bien par exemple, qu’il a une belle audience et qu’il fait de l’argent.

    Ce matin, voici un conte Zen, tiré du livre Les plus beaux contes Zen d’Henri Brunel.

    Je vous laisse en apprécier la morale. Et la transposer au domaine de votre vie qui vous plaira :-)

    plus beaux comptes zen

    Un compte tiré des plus beaux comptes Zen

    « Son Excellence, monsieur le gouverneur Musho Keishu, est en voyage ; il chemine au pas lent de ces porteurs vers Kamakura, la grande capitale shôgunale.

    Confortablement adossé au coussin de soie, les mains posées sur son petit ventre rond qui tressaute aimablement au rythme de sa litière, M. le gouverneur somnole un peu et rêve.

    Sa garde personnelle de nobles samouraïs l’entoure et le protège.

    Suivent en bon ordre les serviteurs, les animaux, les bagages.

    M. le gouverneur, un sourire béat sur son visage lisse, tout doucement s’endort.

    Dans les collines de Kamakura, en un lieu paisible qui domine à la fois la ville et la mer, le maître Zen Unkei a installé son atelier de statuaire derrière une modeste pagode.

    Il sculpte dans le bois des bouddhas au sourire éternel.Il reçoit aussi des gens de toutes conditions qui sollicitent ses conseils.

    Unkei est un homme à l’écorce rude, un silencieux, mais il ne refuse jamais son aide, et chacun le vénère.

    Ce matin précisément, le jeune moine qui fait office de portier s’approche d’un air affairé, il tient religieusement dans ses mains 1 carte de visite merveilleusement orné et décoré. On peut lire :

    SON EXCELLENCE MUSHO KEISHU, GOUVERNEUR DE KYOTO, CONSEILLER PARTICULIER DU SHOGUN.

    « Je n’ai rien à dire à cet homme », dit sèchement Unkei, qui laisse tomber la carte et reprend son travail.

    Le jeune portier, déconcerté et effrayé, revient annoncer au serviteur de son Excellence le refus de son maître. Il attend en tremblant la réaction du haut personnage, qui n’a pas quitté sa litière.

    « Moine, Son Excellence t’attend ! »

    Le portier, plus mort que vif, se présente humblement devant M. le gouverneur confortablement adossé à ses coussins de soie :

    « Ton maître ne veut pas me recevoir ? demande Son Excellence, plus étonné qu’irrité. A-t-il donné une raison ?

    – Non, seigneur.

    -Sait-il que je pourrais ordonner la fermeture de son atelier, l’emprisonner lui et les siens, et faire empaler ses serviteurs ?

    -Pitié, Seigneur ! » s’écrit le jeune novice en tombant à genoux.

    Son Excellence le gouverneur n’est pas un méchant homme. Il médite un instant, mollement adossé à ses coussins de soie.

    Autour de lui la garde des samouraïs s’est raidie, certains ont déjà la main sur leur sabre.

    « Hum Hum fait le gouverneur. Je vais essayer quelque chose. »

    Il biffe tous ses titres et ne laisse sur la carte de visite que son nom : MUSHO KEISHU.

    « Va redonner à ton maître ma carte de visite ! »

    Unkei est en train de laquer un bouddha de bois. Il prend la carte que le portier lui tend en tremblant.

    « Je recevrai cet homme avec plaisir », dit-il. »

     ***

    J’ai jeté cette toute petite chose que l’on appelle «Moi » et je suis devenu le monde immense.

    4 commentaires

    1. Bonjour Greg,

      J’ai adoré ce conte Zen. Ah, la grosse tête, « le melon » , c’est vrai, certain le prenne rapidement. Quelques petits succès, et hop, ils sont « les rois du monde ».
      Heureusement la Vie se charge de remettre l’église au centre du village, et là, tout comme le gouverneur, on sera capable d’humilité.
      Merci pour ce partage
      Amicalement
      Christian

    2. Gilles

      bonjour
      Belle histoire
      merci de l’avoir transmise

      gilles

    3. Arthur

      Re coucou Greg,
      Très bien ce conte zen. J’aime bien la morale!
      ça me fait penser à une phrase de Sénèque: « Si tu veux connaître ta valeur exacte, mets de côté argent, maison, honneurs. Regarde au-dedans de toi-même ».

    4. Au fond, on n’est jamais rien d’autre que soi-même.

      Merci pour ce joli conte.

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