Vous en parlez, vous en parlez mais… avez-vous réellement essayé ?

  • Un très bon ami d’enfance que je connais depuis 25 ans maintenant (et avec qui j’ai fait les 400 coups) est récemment parti en Inde.

    Là-bas, il a pratiqué assidûment la méditation.

    J’ai tenu à ce qu’il partage avec vous son expérience, elle vous intéressera sans doute.

    Alors Berbère (c’est son surnom :-)),

    La méditation c’est quoi ?

    Pratiquez-vous correctement la Méditation ?

    Pratiquez-vous correctement la Méditation ?

    J’ai appris une forme de méditation enseignée par S.N Goenka, selon une tradition birmane et qui remonte en ligne directe de maître à disciple jusqu’à Gautama Sidharta.

    Il y a 2500 ans, cet être éveillé, ou bouddha, a donné deux techniques pour apprendre aux hommes à se libérer de leurs souffrances.

    Gautama le bouddha, à la différence des autres êtres illuminées de son époque, apporta une précision essentielle  sur la voie de la libération :

    « Travaillez vous-même à votre libération ! Ne croyez pas un mot de ce que je vous dis ! Ne restez pas au niveau intellectuel, philosophique !

    Descendez au niveau expérimental !  Faites l’expérience intérieure de tout ce que je vous dis !

    Car c’est seulement en réalisant à l’intérieur de soi la vérité du moment que vous pourrez développer votre propre sagesse et une connaissance de soi basée sur les faits, donc utile, et re-mobilisable ! »

    Comment ça se passe en pratique ?

    Assis, les yeux fermés.

    Anapana (« attention sur le souffle ») :

    On porte toute son attention, sa vigilance sur une zone restreinte.

    Un triangle dont la base est la moustache, son sommet la racine du nez entre les deux yeux, et les cotés les ailes du nez.

    Plus on progresse dans la pratique, plus on diminue la taille de cette zone, ceci afin d’aiguiser au maximum la concentration de notre esprit.

    Cette zone ne devient plus qu’un petit point à la base des narines.

    Il s’agit d’observer sa respiration, telle qu’elle entre et telle qu’elle sort de nos narines.

    Une respiration naturelle, sans forcer, ni modifier son rythme, son intensité ou quoi que ce soit.

    Juste observer attentivement, calmement, avec continuité.

    Puis, on devient l’observateur des sensations qui apparaissent dans la zone : n’importe quoi qui apparaît :

    chaud, froid, démangeaison, chatouillement,  fourmillement, sécheresse, humidité, tension, picotement, vibration, engourdissement, appui, légèreté, agréable, désagréable…

    Bref, quoi que ce soit même si on ne peux le nommer.

    Surtout, ne pas réagir à ce qui se passe, juste observer !

    Ca semble simple, non ?

    Vous essayez ?

    Après deux respirations (pour les plus concentrés d’entre nous…), le petit singe qu’est notre esprit commencera à sauter d’une branche à l’autre sur l’arbre des pensées.

    Hier….que c’était bien… Demain, ou même tout à l ‘heure tiens… je vais faire ça…

    On passe d’un souvenir à l’autre, ou on se projette dans le futur ! Mais on n’est jamais dans le moment présent.

    On se concentre sur du positif, de l’agréable, on fantasme, et on s’emballe vers l’avidité !

    Ou au contraire on ressasse du douloureux, on s’angoisse de choses à venir, et on court vers l’aversion !

    Oooh quel malheur !

    L’esprit n’est jamais calme, tranquille mais terriblement agité !

    Et pourtant on me demande juste d’observer mes trous de nez sans rien faire. Ca devrait être facile !

    Sans découragement ni énervement, souriez !

    Nous venons de réaliser, souvent pour la première fois de notre vie, à quel point notre esprit est instable, mouvant, volatile…

    Recommencez patiemment, calmement, avec un esprit attentif.

    Si 1000 fois votre esprit s’émousse, alors, ramenez-le 1000 fois tranquillement vers vos narines.

    Bientôt vous réussirez !

    Vipassana (« juste vision intérieure ») :

    On déplace son attention sur tout le corps, du haut du crâne à la pointe des orteils, en l’aller et retour de bas en haut.

    A chaque passage, on observe petite zone par petite zone :

    • sommet du crâne
    • cuir chevelu
    • front
    • sourcils
    • yeux
    • joues
    • nez
    • bouche
    • oreilles
    • cou
    • épaule
    • bras
    • avant-bras
    • mains et doigts,à droite puis à gauche
    • poitrine
    • ventre
    • périnée
    • haut du dos
    • bas du dos
    • fesse
    • cuisse
    • jambe
    • pied orteils droit puis gauche
    • et hop ! On remonte en sens inverse.

    Observer ce qui apparaît, telle que c’est dans sa réalité du moment, sans chercher une sensation particulière, sans comparer.

    Chaque balayage est nouveau, sans souvenir ni attente.

    « La réalité telle qu’elle est et non telle qu’on voudrait qu’elle soit ! »

    Surtout, tout comme dans anapana, on reste équanime, sans réagir aux sensations : ne pas jouer avec elle, ne pas les laisser emballer notre défilement mental.

    On est comme un scientifique expérimentant dans le laboratoire de notre corps/esprit : quelles sont les caractéristiques de cette sensation particulière (intensité ? forme ? localisation ?durée…)

    Etre conscient de ce qui se passe, sans réagir !

    Bientôt, on réalise une des plus importantes loi de la nature, la loi de l’impermanence : tout apparaît puis disparaît.

    Rien ne dure éternellement, même cette douleur qui semblait si solide, si dure, a fini par disparaître!

    Même cette sensation plaisante a vite disparu, modifiée !

    Pour peu, bien sur, que l’on ne s’accroche pas aux sensations plaisantes, ou que l’on ne commence pas à détester telle sensation douloureuse !

    Si on laisse l’esprit s’emballer et faire des constructions (ce qui est sa tendance naturelle), il amplifiera n’importe quelle sensation, et on s écartera alors de la voie du milieu, créant de nouvelles souffrances…

    Comment es-tu venu à la méditation ?

    Comme beaucoup d’entre vous, j’en ai souvent entendu parler mais je n’y avais jamais réellement goûté !

    Au cours d’un voyage en Inde, 3 personnes différentes m’ont donné le nom de Vipassana et de Goenka…

    Ils m’ont tous dit se sentir mieux après avoir fait cette retraite de 10 jours pour apprendre la technique.

    Bon… je me suis dit… « allons voir alors ! »

    Je me suis inscris moi aussi pour un cours de 10 jours à Kathmandu et me suis retrouvé dans un joli parc arboré autour d’une pagode dorée, perchée dans les montagnes népalaises !

    Qu’est-ce qui t’a attiré ?

    L’image calme, sereine, apaisée et heureuse du méditant.

    Le visage au sourire énigmatique du bouddha, avec ce regard perçant à la fois tourné vers l’extérieur et  l’intérieur…

    Qu’est-ce que tu en attendais ?

    Une vie meilleure, débarrassée de tensions inutiles, de peurs limitantes, de colères nuisibles pour moi-même et mon entourage…

     Qu’est-ce que tu en retires ?

    (précisons que tu viens à nouveau de faire une retraite de 10 jours en Suisse)

    -Une efficacité accrue dans mes taches quotidiennes. Une concentration élevée.

    -Une diminution du temps de sommeil couplée à une belle énergie la journée.

    -Une meilleure communication avec moi-même et surtout avec les autres.

    -Un abandon de certaines habitudes néfastes de vie comme vouloir changer les autres et le monde par exemple.

    -Une meilleure attention à mes sensations physiques, d’où : abandon du tabac et des spliffs, des pizzas, des bières et glaces….

    Je ne réagit plus aux vicissitudes de la vie aveuglément, comme si « je n’avais pas le choix ».

    Je suis le maître de mon présent, et je sème donc les graines de bonheur pour mon futur.

    Est-ce que tu as trouvé ce que tu en attendais ?

    Et bien plus encore !

    Je développe ma propre sagesse, je fais l’expérience de moi-même.

    Après avoir passée tout le début de ma vie les yeux grands ouverts sur l’illusion du monde extérieur, à projeter sur les autres mes propres constructions, je tourne les yeux vers mon univers intérieur.

    Et loin de me renfermer, ceci m’ouvre grands les portes sur des choses inconnues jusqu’alors !

    Souhaites-tu ajouter certaines choses pour conclure ?

    Je tiens à préciser qu’il s’agit de la chose la plus difficile qu’il m’ait été donné de faire.

    On est loin de l’idée d’une méditation « bisounours » : genre sourire béat, nirvana instantané, corps traversé par les ondes de plaisir venues du monde alentour…

    Il s’agit plutôt d un entraînement rigoureux, déterminé et constant de l’esprit qui peut parfois sembler insurmontable ou même austère !

    De nombreuses embûches sont encore à venir sur la Voie, mais j’ai acquis la ferme conviction que ces deux techniques pratiques sont d’une efficacité redoutable pour avancer sur le chemin de la connaissance et me libérer de mes souffrances !

    Puissiez-vous tous découvrir aussi ce magnifique enseignement !

    Je vous souhaite à tous un bon courage pour une heureuse vie !

    Merci cher Berbère pour toutes ces précisions.

    Demandons aux lecteurs…. « et vous, vous essayez quand ? »

     

    3 commentaires

    1. Merci pour ce beau témoignage.

      Le vipassana semble se rapprocher de la sophrologie.

      Ca donne envie d’essayer, bien que 10 jours soit un peu long (surtout maintenant que les vacances sont finies !)

      Dorian

    2. Archibald

      Yes!
      Super intéressant!
      Merci Béber, merci Greg!
      Effectivement, se concentrer ne serait-ce que dix secondes sur sa respiration et le point entre la lèvre supérieure et le nez est un exercice qui demande un gros effort de concentration… Je t’admire Beber d’avoir passé dix à ne faire que ça… et de l’avoir fait deux fois! :)

    3. Alexandra

      La méditation est un accès direct au bonheur car il permet de vivre pleinement le moment présent. Merci pour ce partage (oui meme les hommes occidentaux pratiquent la méditation!)

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